OBVIA : Placer l’éthique et la société au cœur de l’intelligence artificielle

Alors que l’intelligence artificielle s’infuse dans toutes les sphères de notre société, de la médecine au travail en passant par nos vies personnelles, une question devient primordiale : comment s’assurer que cette révolution technologique se fasse au service du bien commun ? C’est pour répondre à cette interrogation cruciale qu’est né, au cœur de l’écosystème d’innovation québécois, l’OBVIA : l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique.

Plus qu’un simple centre de recherche, l’OBVIA se positionne comme un “gardien”, un lieu de réflexion critique et interdisciplinaire dont la mission est d’analyser les transformations profondes engendrées par l’IA. Cet article explore la mission de cet organisme unique et ses contributions majeures à travers ses grands axes de recherche.

La mission d’OBVIA : un pôle de réflexion pour une IA responsable

Fondé sur une collaboration entre plusieurs universités québécoises et regroupant plus de 260 chercheurs, l’OBVIA se distingue par son approche résolument interdisciplinaire. Sa mission n’est pas de développer de nouveaux algorithmes, mais de comprendre leurs effets. Des philosophes, des juristes, des sociologues, des médecins et des ingénieurs y travaillent de concert pour :

  • Analyser les impacts sociétaux : Étudier les conséquences de l’IA sur la démocratie, la justice, l’emploi, la santé et l’environnement.
  • Soutenir l’innovation responsable : Proposer des cadres, des guides et des outils pour que l’éthique soit intégrée dès la conception des systèmes d’IA (“ethics by design”).
  • Informer le débat public et politique : Produire des connaissances accessibles pour éclairer les citoyens, les entreprises et les gouvernements, afin de favoriser des choix technologiques éclairés et démocratiques.

L’OBVIA agit comme un pont entre la recherche de pointe, les décideurs et la société civile, s’assurant que la conversation sur l’IA ne soit pas confisquée par les seuls experts techniques.

Les 7 axes de recherche de l’OBVIA

Le travail de l’Observatoire s’articule autour de sept grands axes thématiques qui couvrent les enjeux majeurs de la révolution numérique.

1. Éthique, gouvernance et démocratie

C’est le cœur battant de l’OBVIA. Cet axe se concentre sur la création de cadres éthiques et de modèles de gouvernance pour une IA juste et responsable. Les chercheurs y explorent les biais algorithmiques, la transparence des systèmes, et l’impact de l’IA sur les processus démocratiques, la désinformation et l’espace public.

2. Industrie 4.0, travail et emploi

L’IA transforme le monde du travail. Cet axe analyse les mutations en cours : automatisation, déplacement des emplois, mais aussi création de nouvelles tâches et nécessité de nouvelles compétences. Les projets visent à anticiper ces changements pour favoriser une transition juste et équitable pour les travailleurs.

3. Santé durable

Le domaine de la santé est l’un des plus prometteurs pour l’IA, mais aussi l’un des plus sensibles. Les recherches portent sur l’acceptabilité des diagnostics par IA, la gouvernance des données de santé, l’équité dans l’accès aux soins et les enjeux éthiques de la médecine personnalisée. L’objectif est d’innover tout en plaçant le bien-être du patient et la pérennité du système de santé au premier plan.

4. Éducation et capacitation

Comment l’IA peut-elle améliorer l’apprentissage sans déshumaniser l’éducation ? Cet axe s’intéresse au développement de l’esprit critique face au numérique, à la formation des citoyens et des professionnels à l’ère de l’IA, et à la création d’outils pédagogiques qui augmentent les capacités humaines plutôt que de les remplacer.

5. Droit, cybersécurité et cyberjustice

Le déploiement de l’IA soulève des défis juridiques inédits. Les chercheurs de cet axe travaillent sur l’adaptation du droit à l’IA (responsabilité en cas d’erreur, propriété intellectuelle), la lutte contre la cybercriminalité, et la mise en place d’une “cyberjustice” qui soit à la fois efficace et respectueuse des droits fondamentaux.

6. Arts, médias et diversité culturelle

L’IA générative bouleverse la création artistique et culturelle. Cet axe étudie l’impact de l’IA sur les métiers d’artistes, les droits d’auteur, la diversité des contenus culturels face aux algorithmes de recommandation, et l’émergence de nouvelles formes d’art.

7. Sobriété numérique et transition socio-écologique

Contrairement à son image “immatérielle”, le numérique a une empreinte environnementale considérable. Cet axe, en lien direct avec les travaux de chercheuses comme Sasha Luccioni, se penche sur la mesure de l’impact écologique de l’IA, la promotion de la “sobriété numérique”, et l’utilisation de l’IA pour accélérer la transition écologique (optimisation énergétique, modélisation climatique, etc.).

Conclusion : penser l’IA pour un avenir humain

Dans la course mondiale à l’intelligence artificielle, souvent dominée par la recherche de performance et de profit, des organisations comme l’OBVIA jouent un rôle de “pause réflexive” absolument essentiel. En structurant sa recherche autour de ces sept axes, l’Observatoire garantit une analyse à 360 degrés des impacts de l’IA.

Le travail de l’OBVIA nous rappelle que la question la plus importante n’est pas “Que peut faire l’IA ?”, mais bien “Que devons-nous faire de l’IA ?”. En fournissant des outils critiques et des espaces de dialogue, il œuvre à ce que la réponse à cette question soit collective, éclairée et, surtout, profondément humaine.


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