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L’Humain au chômage ?

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Bernie Sanders tire la sonnette d’alarme sur l’IA et l’automatisation : Une mise en garde sur l’avenir du travail

AI Could Wipe Out the Working Class | Sen. Bernie Sanders [12 min.]

Dans un discours percutant, le sénateur Bernie Sanders a exposé une réalité dérangeante : l’intelligence artificielle et la robotique sont sur le point de transformer radicalement le marché du travail américain, et les bénéfices de cette révolution technologique risquent de profiter uniquement aux milliardaires de la Silicon Valley. Mais qu’en est-il réellement ? Ses affirmations sont-elles fondées ?

Les géants de la tech investissent massivement dans l’automatisation

Bernie Sanders souligne que les hommes les plus riches du monde — Elon Musk, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Larry Ellison — investissent des centaines de milliards de dollars dans l’IA et la robotique. Leur objectif, selon lui, n’est pas d’améliorer la vie des travailleurs américains qui vivent d’un chèque de paie à l’autre, mais plutôt d’augmenter exponentiellement leur richesse en remplaçant les travailleurs humains par des machines.

Cette analyse trouve écho dans les déclarations même des PDG technologiques, qui admettent ouvertement que l’automatisation transformera profondément l’emploi dans les années à venir.

Amazon : L’exemple concret du remplacement humain-robot

Le cas d’Amazon illustre parfaitement la tendance décrite par Sanders. L’entreprise a effectivement réduit son effectif de plus de 27 000 emplois entre 2022 et 2023. Parallèlement, la flotte robotique d’Amazon a explosé : de 200 000 robots en 2019, elle est passée à 750 000 machines, pour finalement atteindre le million de robots déployés en 2025. Cette armée mécanique se rapproche dangereusement du nombre d’employés humains de l’entreprise.

L’effectif total d’Amazon est passé de 1,6 million de travailleurs en 2021 à 1,5 million actuellement, soit une réduction de 100 000 personnes pendant que les robots se multipliaient par près de quatre.

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Foxconn : 60 000 emplois éliminés d’un coup

Sanders mentionne également le cas de Foxconn, le fabricant géant d’appareils pour Apple, Samsung et Microsoft. En 2016, l’entreprise a remplacé 60 000 travailleurs par des robots dans une seule usine en Chine, réduisant l’effectif de 110 000 à 50 000 employés. Ce remplacement massif a été présenté par Foxconn comme un moyen de réduire les coûts de main-d’œuvre et d’améliorer la productivité.

Un responsable gouvernemental local a déclaré à l’époque : « L’usine Foxconn a réduit ses effectifs de 110 000 à 50 000, grâce à l’introduction de robots. Elle a goûté au succès de la réduction des coûts de main-d’œuvre. »

Sources :

Les véhicules autonomes menacent des millions d’emplois

Le secteur du transport représente l’une des industries les plus vulnérables à l’automatisation. Sanders évoque plusieurs exemples concrets qui se déroulent actuellement sur les routes américaines :

Aurora et FedEx : L’entreprise Aurora a lancé en 2025 le premier service commercial de camionnage autonome aux États-Unis, transportant des marchandises entre Dallas et Houston sur le corridor I-45 sans conducteur à bord. L’entreprise travaille avec FedEx et prévoit d’étendre ses opérations à El Paso et Phoenix d’ici la fin de 2025.

Kodiak Robotics et IKEA : Cette compagnie utilise des semi-remorques autonomes pour transporter des produits IKEA entre les régions de Houston et Dallas.

Waymo : L’entreprise opère des taxis autonomes dans plusieurs grandes villes américaines, dont Los Angeles, Phoenix, San Francisco, Atlanta et Austin.

Ces technologies, encore à leurs débuts, représentent une menace directe pour les 3,5 millions de chauffeurs routiers et les millions d’autres conducteurs professionnels aux États-Unis.

Sources :

Les PDG technologiques admettent : l’IA va éliminer des millions d’emplois

L’un des aspects les plus frappants du discours de Sanders est sa citation de dirigeants technologiques qui admettent ouvertement l’impact dévastateur que l’IA aura sur l’emploi.

Dario Amodei (Anthropic)

Le PDG d’Anthropic, l’une des principales entreprises d’IA au monde, a prédit que l’intelligence artificielle pourrait éliminer la moitié de tous les emplois de cols blancs de niveau débutant et faire grimper le chômage à 10-20% dans les 1 à 5 prochaines années.

« La plupart d’entre eux ne sont pas conscients que cela va se produire », a averti Amodei dans une interview avec Axios. « Ça semble fou, et les gens n’y croient tout simplement pas. »

Sources :

Elon Musk

Le PDG de Tesla et SpaceX a fait une déclaration encore plus radicale lors de la conférence VivaTech 2024 à Paris : « Probablement aucun de nous n’aura d’emploi. Si vous voulez faire un travail comme un passe-temps, vous pouvez le faire. Mais sinon, l’IA et les robots fourniront tous les biens et services que vous voulez. »

Musk envisage un avenir où le travail devient optionnel, mais soulève également une question existentielle troublante : « Si un ordinateur et des robots peuvent tout faire mieux que vous, votre vie a-t-elle un sens ? »

Sources :

Bill Gates

Le cofondateur de Microsoft a prédit qu’au cours de la prochaine décennie, les humains ne seront plus nécessaires « pour la plupart des choses », notamment pour la fabrication de produits, la livraison de colis ou la culture alimentaire, en raison des progrès de l’IA.

« L’ère que nous commençons est celle où l’intelligence est rare — un grand médecin ou un grand enseignant. Avec l’IA, au cours de la prochaine décennie, cela deviendra gratuit, banal — d’excellents conseils médicaux, du tutorat de qualité », a déclaré Gates lors d’une interview avec Jimmy Fallon sur The Tonight Show.

Sources :

Les propositions de Bernie Sanders

Face à cette révolution technologique qui menace de creuser davantage les inégalités, Sanders propose plusieurs solutions concrètes :

1. Semaine de travail de 32 heures sans perte de salaire : Puisque les travailleurs américains sont 400% plus productifs qu’ils ne l’étaient dans les années 1940, et que l’IA augmentera encore cette productivité, les travailleurs devraient bénéficier de cette augmentation par une réduction du temps de travail.

2. Représentation des travailleurs dans les conseils d’administration : Obliger les grandes entreprises à permettre aux travailleurs d’élire au moins 45% des membres de leurs conseils d’administration, comme cela se fait déjà en Allemagne.

3. Participation aux bénéfices : Les travailleurs devraient recevoir au moins 20% des actions des entreprises pour lesquelles ils travaillent.

4. Expansion de la propriété collective : Encourager les entreprises détenues par les employés, où les décisions bénéficient à tous et non seulement aux dirigeants.

5. Taxe sur les robots : Au lieu d’accorder des allégements fiscaux aux entreprises qui remplacent les travailleurs par des technologies, imposer une taxe sur les robots pour les grandes entreprises et utiliser ces revenus pour améliorer la vie des travailleurs affectés.

Un débat urgent et nécessaire

La force du discours de Sanders réside dans le fait que ses affirmations les plus alarmantes ne proviennent pas de lui, mais des PDG technologiques eux-mêmes. Ces dirigeants, tout en construisant les technologies qui automatiseront des millions d’emplois, admettent ouvertement les conséquences dévastatrices potentielles de leurs innovations.

La question n’est donc plus de savoir si l’IA et la robotique transformeront radicalement le marché du travail — même les architectes de ces technologies le confirment — mais plutôt de décider qui bénéficiera de cette transformation. Sera-ce une petite élite de milliardaires ou l’ensemble de la société ?

Comme le conclut Sanders : « L’IA et la robotique apporteront une transformation profonde à notre pays. Personne ne le nie. À mon avis, nous devons nous battre pour nous assurer que ces changements profitent à nous tous et pas seulement à une poignée de milliardaires. »

Le débat ne fait que commencer, mais l’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande.

Les statistiques qui confirment la tendance : États-Unis, Canada et Chine

États-Unis : L’automatisation accélère

Les chiffres américains sont particulièrement révélateurs de l’ampleur du phénomène :

Emplois déjà perdus :

  • Depuis 2000, 1,7 million d’emplois manufacturiers ont été perdus à cause de l’automatisation
  • En mai 2023, 3 900 pertes d’emplois ont été directement attribuées à l’IA, ce qui en faisait le septième plus grand facteur de licenciement ce mois-là
  • 14% des travailleurs américains ont déjà subi un déplacement d’emploi dû à l’automatisation ou à l’IA
  • Chaque robot industriel installé dans le secteur manufacturier remplace en moyenne 1,6 travailleur

Emplois à risque :

  • 25% des emplois américains sont à haut risque d’automatisation (36 millions d’emplois)
  • 36% supplémentaires sont à risque moyen, soit un total de 61% de la main-d’œuvre concernée
  • D’ici 2030, entre 39 millions (scénario médian) et 73 millions d’emplois (scénario d’automatisation rapide) pourraient être éliminés
  • 30% des emplois actuels pourraient être entièrement automatisés d’ici 2030, tandis que 60% verront des changements significatifs au niveau des tâches

Secteurs les plus touchés :

  • Les caissiers verront leur emploi diminuer de 11% d’ici 2033 (353 100 emplois perdus)
  • Les caissiers de banque : baisse de 15% d’ici 2033 (51 400 emplois)
  • Les transcripteurs médicaux : baisse de 4,7%
  • Les représentants du service à la clientèle : baisse de 5%

Sources :

59 AI Job Statistics: Future of U.S. Jobs – National University https://www.nu.edu/blog/ai-job-statistics/

Jobs Lost to Automation Statistics in 2024 – TeamStage https://teamstage.io/jobs-lost-to-automation-statistics/

35+ Alarming Automation & Job Loss Statistics [2023] – Zippia https://www.zippia.com/advice/automation-and-job-loss-statistics/

Chart: Automation Could Eliminate 73 Million U.S. Jobs By 2030 – Statista https://www.statista.com/chart/12082/automation-could-eliminate-73-million-us-jobs-by-2030/

Canada : Une transition progressive mais inquiétante

Le Canada suit une tendance similaire, quoique légèrement moins prononcée :

Emplois à risque :

  • 42% des emplois canadiens sont à haut risque d’être affectés par l’automatisation au cours des 10 à 20 prochaines années
  • En 2024, l’adoption de l’IA dans les secteurs de l’assurance et de la banque a entraîné une réduction de 12% des rôles de back-office
  • Les provinces canadiennes avec des secteurs technologiques plus importants ont signalé une baisse de 44% des postes de soutien junior, contre 19% dans les régions non technologiques

Tendances démographiques :

  • De 1987 à 2024, la part des travailleurs occupant des emplois associés à des tâches manuelles routinières a diminué progressivement
  • La main-d’œuvre s’est constamment déplacée vers des occupations associées à des tâches cognitives non routinières
  • L’Ontario a la plus faible proportion (41,1%) d’emplois à haut risque d’automatisation, tandis que l’Île-du-Prince-Édouard a la plus élevée avec plus de 45%

Groupes vulnérables :

  • Les travailleurs âgés de 15 à 24 ans sont disproportionnellement touchés dans les emplois à haut risque
  • Les travailleurs plus âgés (55 ans et plus) sont également plus vulnérables que les travailleurs d’âge moyen (25-54 ans)

Sources :

AI Job Loss Statistics 2025 – SQ Magazine https://sqmagazine.co.uk/ai-job-loss-statistics/

42% of Canadian jobs at high risk of being affected by automation – CBC News https://www.cbc.ca/news/business/automation-job-brookfield-1.3636253

The changing nature of work in Canada: 1987 to 2024 – Statistics Canada https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2025002/article/00004-eng.htm

Automation and Job Transformation in Canada: Who’s at Risk? – Statistics Canada https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11f0019m/11f0019m2020011-eng.htm