L’intelligence artificielle (IA) est partout : dans les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les assistants virtuels et même dans les applications qui prédisent la météo ou optimisent la consommation d’énergie. Derrière cette apparente magie technologique, se cache toutefois une réalité beaucoup moins reluisante : l’IA et les infrastructures numériques qui la soutiennent (méga-centres de données, réseaux de télécommunication, extraction minière, etc.) ont des conséquences environnementales importantes.
Cet article propose un regard critique sur ces impacts, afin d’alimenter la réflexion des étudiants et futurs professionnels du numérique.
L’impact de l’intelligence artificielle sur l’environnement en 12 cases illustrées
L’intelligence artificielle (IA) prend une place grandissante dans nos vies quotidiennes et cette tendance ne fera que s’amplifier dans les prochaines années. Si certains y voient une promesse de progrès, d’autres s’inquiètent des dérives possibles. Mais un constat demeure indéniable : le développement accéléré de ces technologies entraîne des impacts environnementaux de plus en plus lourds pour la planète. Pour en rendre compte, Le Devoir propose un tour d’horizon original en bande dessinée, réalisé par la caricaturiste Chloé Germain et le journaliste Alexandre Shields.

💧 Une soif insatiable : l’eau pour refroidir les serveurs
Les méga-centres de données (data centers) hébergeant les modèles d’IA consomment des quantités massives d’énergie. Or, pour éviter la surchauffe, ces installations utilisent énormément d’eau pour le refroidissement.
- Exemple : certains centres en Amérique du Nord ou en Europe utilisent des millions de litres par jour pour maintenir leurs machines à température.
- Dans des régions où l’eau est déjà rare, cette demande crée des tensions avec les besoins des populations et des écosystèmes.
I Live Next To Amazon’s Largest Data Center. They’re Stealing Our Water
⚡ Une faim énergétique sans précédent
Former un modèle d’IA avancé peut consommer l’équivalent de l’électricité utilisée par des centaines de foyers pendant un an. Et ce n’est qu’un début :
- L’essor des applications d’IA générative multiplie la demande en calcul intensif.
- Même les usages quotidiens (requêtes sur un chatbot, génération d’images, recommandation de vidéos) ont un coût énergétique beaucoup plus élevé qu’une recherche Internet classique.
We Found the Hidden Cost of Data Centers. It’s in Your Electric Bill
I Live 400 Yards From Mark Zuckerberg’s Massive Data Center
🌲 L’empreinte au sol : déforestation et occupation des terres
Les infrastructures numériques ne se limitent pas aux serveurs. Elles nécessitent :
- des parcs solaires et éoliens pour fournir l’électricité, occupant de grandes surfaces,
- des nouvelles zones industrielles pour héberger les centres de données, parfois construites sur des terres agricoles ou naturelles.
À cela s’ajoute la déforestation indirecte liée à la demande croissante en minéraux et en infrastructures de transport.
Les projets de Microsoft ont le feu vert à Lévis et à Saint-Augustin : Terrain de 400 000 pieds carrés

- Source : Google Maps
⛏️ L’ombre des mines : métaux rares et biodiversité
Les ordinateurs, cartes graphiques et batteries qui rendent possible l’IA reposent sur l’extraction de métaux rares (cobalt, lithium, nickel et terres rares).
- L’exploitation minière entraîne pollution des sols et de l’eau, destruction des habitats et perte de biodiversité.
- Les populations locales en subissent de plein fouet les impacts sociaux et sanitaires.
👉 Excellente ressource : la conférence Exploitation minière et destruction de la biodiversité illustre bien ces enjeux.

đź’¨QualitĂ© de l’air en pĂ©ril : quand l’IA dĂ©pend du gaz naturel
Un tout nouveau défi émerge quand l’IA massive dépend de combustibles fossiles plutôt que d’électricité propre. C’est malheureusement le cas pour xAI, l’entreprise d’Elon Musk, qui alimente son superordinateur Colossus à Memphis en brûlant du gaz naturel.

Source : xAI Colossus Data Center Memphis Tennessee – YouTube
- Des dizaines de turbines à gaz non contrôlées : à son centre de données à South Memphis, xAI a installé jusqu’à 35 turbines à gaz méthane, sans les permis requis, générant jusqu’à 422 MW d’électricité — équivalents à ceux d’une centrale gazière classique.
- Émissions nocives dans des quartiers déjà vulnérables : ces turbines émettent d’importantes quantités de NOₓ, responsables de smog, ainsi que du formaldéhyde, un cancérogène.
- L’air de Memphis, dĂ©jĂ dĂ©gradĂ©, se trouve encore plus compromis — les communautĂ©s de South Memphis, majoritairement noires, sont particulièrement exposĂ©es Ă l’asthme, aux maladies respiratoires et au cancer.
- Des permis contestés, tardifs ou insuffisants : malgré de fortes pressions publiques et des organisations comme le SELC et la NAACP qui ont intenté des actions en justice, les turbines ont d’abord été exploitées illégalement. Ce n’est qu’en juillet 2025 que xAI a finalement obtenu un permis — pendant que les conséquences sur la santé demeuraient préoccupantes.
Ce recours au gaz naturel, au lieu de solutions énergétiques plus vertes comme les renouvelables, illustre une opposition majeure entre croissance technologique rapide et protection environnementale et sanitaire.
Comment les centres de donnĂ©es d’IA dĂ©vorent le monde
Analyse approfondie des centres de donnĂ©es IA, des mĂ©gaclusters gigawatts et de la course des hyperscalers vers l’IA gĂ©nĂ©rale. Comment les centres de donnĂ©es IA dĂ©vorent le monde.
📚 Pour aller plus loin
- ONU – IA et environnement : risques et potentiels
- Institut Supérieur de l’Environnement – Une pollution cachée au cœur de l’innovation
- Le Devoir – L’impact de l’IA sur l’environnement en 12 cases illustrées (BD à intégrer dans vos formations !)
- Microsoft acquiert un terrain à L’Ancienne-Lorette
- Microsoft acquiert le Club de golf Charny pour 20 M$
- Microsoft investit 1,2 million $ à Québec
- Microsoft installe des serveurs à Québec
🌱 Un futur à inventer
L’IA peut aussi contribuer à protéger l’environnement :
- optimisation des réseaux électriques,
- suivi en temps réel de la qualité de l’air et de l’eau,
- aide à la recherche scientifique pour modéliser le climat.
La question n’est donc pas de rejeter l’IA, mais de réfléchir à comment l’utiliser de façon responsable et soutenable. Les étudiants en sciences, technologies et environnement ont un rôle crucial à jouer : développer des solutions numériques qui tiennent compte des limites planétaires.
👉 Réflexion pour la classe
Comment imaginer une utilisation de l’intelligence artificielle qui profite aux humains sans détruire les écosystèmes dont nous dépendons ?